"Sextember" et autres journées "sans" face aux accoutumances
Qu'est ce qu'une addiction ?
Qu’est-ce que la définition d’une addiction ? Selon le dictionnaire Larousse Médical, il s’agit d’ « un processus par lequel un comportement humain permet d’accéder au plaisir immédiat tout en réduisant une sensation de malaise interne ».
À toutes les addictions répertoriées (alcool, tabac, médicaments, nourriture) viennent sans cesse s’ajouter de nouvelles, liées aux changements de nos modes de vie et de nos contextes sociétaux, mais aussi aux nouvelles technologies (écrans, jeux vidéo ou d’argent, achats, drogues).
Les nouvelles addictions et la réponse qu’on leur appose
Depuis plusieurs années, un nouveau type de dépendance a vu le jour : celle aux contenus à caractère pornographique. Une forte hausse de la consommation a d’abord été remarquée avec l’avènement de la télévision, la multiplication des chaînes payantes ou non. Mais un autre canal de diffusion a facilité l’accès à la pornographie depuis sa création : internet. Ça n’est plus un secret pour personne, il y a presque dix ans, un rapport d’Extremetech expliquait déjà que la consommation de porno représentait 30% du trafic internet, soit quasiment un tiers de ce dernier.
Ces chiffres expliquent en partie pourquoi cette année, l’initiative « Sextember », lancée par la marque de préservatifs Eden Gen, a vu le jour sous forme d’un défi : se passer totalement de pornographie durant un mois.
Ce mouvement vient s’accoler à bien d’autres, plus ou moins célèbres, souvent plébiscités par les médias : le « Dry January » (mois sans alcool) en janvier, les « Journées Mondiales sans Smartphone » en février, le « MeatOut Day » (jour sans viande) ou le « Challenge 40 jours » (40 jours sans viande), tous deux durant le mois de mars, la « Semaine sans écran » en avril, le « No Tobbaco Day » (jour sans tabac) fin mai, auxquels on peut ajouter tous les régimes alimentaires court-terme induisant l’arrêt de la consommation de sucre, gras, gluten, féculents, produits d’origine animale, etc.
Mais quelles sont les véritables conséquences de ces (courtes) périodes d’abnégation face aux enjeux du sevrage ou du changement d’habitude ? Quels impacts ont réellement ces jours, semaines ou mois annuels officiels, invitant chacun à jeûner et à se priver, à contourner ses mauvais automatismes ?
Le mécanisme de l’addiction
Une addiction n’est pas toujours le fait d’une consommation de substance en soi, son champs d’action peut s’étendre à bien des domaines (notamment à certaines activités, par exemple au sport, aux sorties sociales, à la masturbation, on parle aussi de « dépendance affective »).
Mais au centre, c’est toujours le même neurotransmetteur qui est mis en cause : la dopamine, ou « hormone du bonheur », une molécule libérée par le cerveau qui provoque une satisfaction immédiate. Comme toute substance, elle a ses retombées nécessaires d’une part et néfastes d’autre part : elle est responsable de notre bien-être, elle tient même un rôle dans le maintien d’un rythme cardiaque stable et les individus souffrant d’un déficit de ce neurotransmetteur peuvent être sujets à certains troubles ; mais elle est aussi responsable de la dépendance et sa présence en taux important est susceptible de générer des comportements à risque, compulsifs ou encore paranoïaques. Comme bien des choses, la dopamine est donc une affaire d’équilibre.
Quels sont les résultats de ces challenges « sans » ?
La plupart de ces initiatives prône l’arrêt total d’une consommation ou d’un comportement sur une période imposée. Le principe est donc de stopper complétement un comportement auquel on s’est accoutumé durant parfois des années et de tenter un sevrage circonscrit dans le temps.
Cette expérience peut permettre à un individu de se rendre compte que son usage ou son activité n’est pas essentiel, qu’il peut vivre sans. Elle peut permettre une sorte de pause, de prise de recul, notamment quand la dépendance n’est pas totalement installée.
Néanmoins, dans le cas contraire, elle va entraîner un manque plus ou moins important et l’individu va en souffrir, il va peut-être même devoir compenser. C’est en partie le principe du terrain addictif : une dépendance peut être remplacée par une autre.
Sans véritable projet de sevrage définitif, sans travail en profondeur, sans accompagnement pour se détacher d’un automatisme et non plus seulement pour le contourner (stratégie de l’évitement), la démarche aura donc peu d’intérêt pour les personnes ayant un réel besoin de rompre avec leur(s) accoutumance(s). Bien que ces initiatives partent pour la plupart d’une bonne intention, elles auront même parfois pour conséquence de culpabiliser l’individu concerné, ce qui peut s’avérer contre-productif. Elles omettent notamment de clarifier la différence entre l’habitude récréative, l’abus et la dépendance à long terme ; tout est placé sur un même plan unique, sans faire de distinction et sans proposer de solution durable.
Dans une société propice aux excès, il n’est pas étonnant que la réponse à un comportement soit l’arrêt brutal, absolu et temporaire de ce comportement.
La sophrologie pour épauler la désaccoutumance
Parmi le large éventail de thérapies possibles pour aider à se débarrasser d’un comportement dépendant, il y a évidemment la sophrologie. L’un des avantages notables est qu’on place l’individu au centre de sa démarche : il sera décisionnaire dans le choix de son thérapeute, dans l’objectif qu’il se fixe, dans le délai qu’il estime nécessaire pour atteindre ce dernier, dans un cadre sans jugement.
Il est néanmoins très important de rappeler que dans les cas d’addictions pharmacologiques ou pathologiques diagnostiquées, un suivi médical spécialisé est obligatoire et que le soutien thérapeutique en est le complément.